Dans le Kakadu


Pendant le vol vers Darwin, nous regardons avec un peu d'apprehension la couche de nuages bien epaisse qui recouvre une grosse partie du pays, il ne va pas etre facile d'eviter la pluie... L'alligator river est bien large et bien brune, bien chargée de toute l'eau de la plaine.

	La saison des pluies est a peine terminée, le Kakadu est encore tres vert, meme si par endroits l'herbe est deja jaunie par le soleil, et cela crée des images au contraste etonnant.

Apres avoir recupere notre gros 4*4 de luxe (300 Kms au compteur) notre premier arret sera pret d'un marais refuge a d'innombrables oiseaux. Il nous faut un moment pour trouver un endroit ou planter la tente qui ne soit ni dans la boue, ni le long d'une route, ni trop proche d'une fourmiliere, ni interdit, et une fois cela fait, il ne reste pas longtemps avant la nuit. Le rechaud a petrole choisit bien son moment pour tomber en panne. De plus il fait tres chaud, pres de 32 degres, et nous sommes en sueur. Alors que la nuit arrive, des dizaines de moustiques se jettent sur nous. Il nous faut nous réfugier dans la voiture pour manger un sandwich froid. Plus tard, Guillaume se fera bouffer en montant la tente, et il faudra tuer des dizaines de moustiques qui auront réussi a entrer dans la tente. Mais l'epreuve ne s'arrete pas la et la chaleur est telle sous la tente que nous sommes en sueur et qu'il est tres difficile de s'endormir. Au matin, crasseux et fatigués, nous sommes accueillis par des centaines de moustiques qui n'ont pas quitté la tente de toute la nuit et qui se jettent sur nous. Nous plions le camp a vitesse grand V tout en nous demandant si les autres nuits vont etre aussi terribles...

	Le midi Guillaume sort les ciseaux et l'aiguille a tricoter et bricole une moustiquaire suplementaire dans la porte de la tente pour ameliorer l'aeration. Les prochaines nuits se passeront nettement mieux, avec beaucoup moins de moustiques et de chaleur. Heureusement, car nous allons camper pendant 10 jours de suite...

Cependant un peu echaudés par notre premiere nuit, et comme le camping sauvage est en theorie interdit dans le Kakadu, nous irons 3 soirs de suite dans de vrais campings qui ont l'avantage d'avoir de grandes et belles piscines, un bar et de l'electricité. De quoi se relaxer et profiter de la vie... avec la chaleur qu'il fait une voiture climatisée et beaucoup d'eau pour se baigner ne sont pas du luxe !

	Tous les soirs nous avons droit au spectacle son et lumiere avec d'enormes nuages menacants qui, heureusement, ne degenerent pas trop en pluies diluviennes.

Beaucoup de pistes sont fermées a cause de la pluie avec des barrieres, des chaines et des menaces de lourdes amendes. C'est un creve-coeur pour Guillaume que de ne pas pouvoir utiliser le 4*4 pleinement, mais on arrive a faire quand meme une centaine de kilometres sur de belles pistes de bakélite rouge au milieu des herbes plus hautes que nous, des Eucalyptus et des termitieres geantes.


Par moment il y a beaucoup d'eau et la route vers les peintures rupestres d'Ubirr au Nord est coupée en plusieurs endroits par des rivieres de 30 cm. de profondeur. Aucun probleme pour passer avec le 4*4...

	Les peintures rupestres sont tres impressionnantes. Il est difficile de les dater, certaines semblent avoir plus de 4000 ans et d'autres montrent des hommes avec les mains dans les poches ou un fusil. Elles ont une valeur sacrée pour les aborigènes, de meme que les lieux qui les entourent, qui appartiennent au "temps du reve" et sont liés a leurs divinités et a leurs legendes de la creation du monde. Difficile aussi de savoir ce qu'elles representent exactement. Sur cette photo ca semble etre un pecheur/chasseur avec ses harpons et ses paniers.

La majorite des representations sont dediées a la nourriture, en particulier les tortues a long cou et les barramundi, d'enormes poissons qui vivent dans les fleuves non loin. Leur grande originalité est ce style aux rayons X qui laisse voir l'interieur de l'animal.


On trouve toujours les peintures rupestres sous de grands surplombs qui ont aussi pu servir de refuge temporaire, dans de beaux endroits proches des plaines, de la foret, des rochers et des rivieres. C'est aussi pour nous l'occasion de faire de courtes marches, deja un peu trop longues considerant la chaleur ambiante, avant de se refugier dans la piscine.

	Les aborigenes sont encore sur leurs terres ou ils vivent entre tradition et modernite, des fois dans un grand denuement que la richesse de la nature aide a combattre. Ils semblent assez farouches et fiers meme si ce n'est qu'une impression car nous n'avons pas pu les approcher.

Nous sommes restés 4 jours dans la Kakadu en nous contentant de faire de petites distances (la location n'incluant que 100 Kms par jour) avec en general un bout de piste, une petite marche et de longues baignades... Les paysages du parc sont tres changeants tout en etant globalement identiques : le nombre d'arbres, la couleur de l'herbe, les rochers, sont les infimes variations d'une partition qui se joue sur des centaines de kilometres.

	Le troisieme jour, Plutot que de faire une marche de 2 heures a Nourlangie pour atteindre un coin baignable dans une riviere, nous avons décidé de rester pres de la voiture au bout de la piste. Guillaume se baigne dans un petit ruisseau qui est presque aussi chaud qu'un bon bain tout en lisant un livre et en admirant les libellules. Tranquille...

Un peu plus tard le meme jour nous partons explorer l'Alligator River avec les bateaux de "Yellow water". Le reflet des nuages dans l'eau vaut le coup a lui tout seul, mais nous admirons aussi 4 crocos de taille moyenne et pas mal de beaux oiseaux comme les aigles pecheurs, le Jabiru, plein de hérons et de grues... (voir la page sur les animaux)

	Le dernier jour est lui aussi bien rempli avec beaucoup de pistes prises a vive allure et des belles marches courtes qui nous emmenent vers des cascades ou nous pouvons nous baigner comme celle de Yurmikmik (malheureusement la plus belle, Jim Jim Falls, est fermée pour cause de saison des pluies). Evidemment c'est au moment ou Delphine choisit de se baigner toute nue que des gens arrivent... On mettra un moment a sortir de l'eau... Ces petites marches sont l'occasion de decouvrir plein de petites betes, fourmis, sauterelles, araignées et papillons entre autres, beaucoup plus nombreuses qu'en Nouvelle-Zelande.

Ces 10 jours pres de Darwin seront vraiment placés sous le signe de l'eau. Il y en partout, sous toutes les formes, et nous passerons beaucoup de temps dans les rivieres pour echapper a la chaleur et pour se relaxer en profitant de la vie...

	Notre derniere baignade dans le Kakadu, et le dernier camping, etait sans doute le meilleur moment, avec un endroit plutot sauvage, difficile d'acces (pour une fois que le 4*4 est utile), dans lequel nous rencontrons cependant 3 Australiens a fond sur la biere et la rigolade, un crapaud, un serpent d'eau, d'enormes araignées et plein de petits poissons. Nous y passons un long moment entre petite cuisine, le jeu des colons de catane, la lecture et la série "Gossip Girl". Que du bonheur, que nous avons hate de poursuivre en dehors du Kakadu...